"Destins exceptionnels" est une série d'articles dressant le portrait de figures de l'aviation ayant marqué la grande histoire de l'aviation.
Maryse Hilsz fut une femme d’un tempérament très volontaire, qui battit de nombreux records mondiaux (d’altitude et de distance).
Elle fut, avec Hélène Boucher et Maryse Bastié, une des plus grandes aviatrices françaises des années 1930.
Au cours de ces raids aériens, elle connut de nombreux déboires techniques, mais aussi, des aventures extraordinaires.
Elle est née en 1901, à Levallois Perret.
D’origine modeste, elle dut travailler, assez jeune, comme modiste dans un atelier de couture. Mais ce destin ne la satisfaisait pas.
Elle était, dès son plus jeune age, passionnée par l’aviation, et elle fit tout pour parvenir à être pilote.
Assistant à de nombreux meetings aériens, elle finit par se faire embaucher comme parachutiste, alors qu’elle n’était jamais monté dans un avion. Très peu de femme pratiquait la chute libre à cette époque. C’est ainsi qu’elle fit 112 sauts en parachute de 1925 à 1929.
Ainsi, avec l’argent qu’elle avait gagné, elle put apprendre à piloter au coté de Maurice Finat, célèbre aviateur ayant beaucoup fréquenté le terrain d’aviation d’Avrillé dans les années 1920.
C’est en 1930, qu’elle obtint son brevet de Pilote de Transport Public. Dès lors, elle ne cessa de se lancer dans les aventures aéronautiques.
Elle projeta, tout d’abord, de faire le tour des capitales européennes. Mais des problèmes moteur l’obligèrent à s’arrêter à Amsterdam. Ensuite, elle fit le projet assez fou de relier Paris à Saïgon, en Indochine.
Après une minutieuse préparation, elle s’envola le 12 novembre 1931 à bord d’un avion Gipsy Moth. Les conditions atmosphériques furent difficiles à l’aller. Elle fit escale à Goritzia (Italie), Belgrade, Constantinople (Istanbul), Koniah (Turquie), Alep, Bagdad, Bouchir et Djask (Iran), Karachi, Agra, Calcutta, Rangoon et Bangkok avant de se poser à Saïgon. On peut dire qu’elle aimait l’aventure…
Son retour fut plus difficile. Elle eu une rupture de canalisation d’huile en plein vol au-dessus de l’Iran. Puis, elle fit un capotage au retour à Constantinople. Toutefois, elle parvint à rejoindre la France. Elle fut la première femme à réaliser un tel raid en 1930.
Deux ans plus tard, le 31 janvier 1932, elle décolla pour relier Paris à Madagascar, en compagnie de son mécanicien Maurice Dronne, sur un avion Farman 291. Ce n’est que deux mois plus tard qu’elle réussit à rejoindre Tananarive.
En effet, elle eut une panne sérieuse et dut rester un mois à Birni N’konni au Niger, pour attendre un nouveau moteur. Ensuite, elle eut un autre problème technique qui l’obligea à se poser sur l’île Juan de Nova, minuscule îlot dans le canal du Mozambique. C’est un bateau de la Marine nationale qui vint la secourir.
Elle arriva enfin à Madagascar le 31 Mars, puis reprit son vol pour revenir à Paris. Après de nombreuses difficultés dues aux intempéries, elle vola pendant 29 jours et ce n’est que le 7 Mai 1932 qu’elle put revoir la France.
Un peu fatiguée par les difficultés que présentent les grands raids, elle décida de s’attaquer au record mondial féminin d’altitude.
Elle réussit ce record le 10 août 1932 à Villacoublay, sur Morane-Saulnier MS-221 Jockey en montant jusqu’à 9 791 mètres. Ceci lui valut d’être nommée chevalier de la Légion d’Honneur.
En 1933, elle décida tout de même de reprendre les grands raids et fit une liaison Paris-Tokyo. Elle s’envola le 1er avril, avec le mécanicien Lemaire, sur un Farman 291. Après avoir fait une escale à Hanoï, elle atteint Tokyo le 16 Avril. Après dix jours sur place, elle reprit la route retour vers la France, pour arriver à Paris, un peu plus d’une semaine plus tard.
L’année suivante, elle refit le même raid Paris-Tokyo aller retour sur un avion plus puissant, un Breguet 330 offert par le ministère de l’Air, et battit tous ses records.
En 1935, c’est à nouveau au record mondial féminin d’altitude qu’elle consacra son énergie. Elle le battit en montant à 11 289 mètres.
C’est alors qu’elle voulut battre des records de vitesse, et elle réussit en volant de Paris à Cannes, avec une vitesse moyenne de 277 km/h (prix Hélène Boucher) Mais cela n’était pas suffisant et, l’année suivante, elle améliora quelque peu son record, en atteignant 366,7 km/h de moyenne sur Caudron Rafale.
Une autre aviatrice italienne ayant battu son record d’altitude, elle prépara alors un avion Potez 50 spécialement adapté. Et finalement, en 1936, elle pulvérisa le record mondial absolu d’altitude, en volant à 14 310 mètres d’altitude.
Cette période de succès glorieux s’interrompit, malheureusement. Elle eut un grave accident en tentant, à Istres, le record du monde de vitesse sur une base, aux commandes d'un Caudron C.640 Typhon. Elle fut éjectée de son siège, et fut sauvée par son parachute. Il lui fallut un an pour se remettre de ses blessures.
En 1937, elle décida alors de tenter le record du monde féminin de distance parcourue en ligne droite, sans interruption, sur un Caudron C.635 Simoun. Partie, à nouveau, d’Istres, elle ne put pas battre ce record, étant obligée, à cause du mauvais temps de se poser à Alexandrie en Egypte. Ne voulant pas rester sur un échec, elle décida directement de repartir d’Alexandrie pour Saïgon, où elle arriva après 92 heures et 30 minutes de vol.
Elle avait ainsi réussi à battre le record mondial absolu de distance pour un pilote seul à bord. On peut souligner à travers cet exploit le tempérament exceptionnel de Maryse Hilsz.
Au retour, elle eut tout de même un petit problème. Après une panne moteur, elle fut obligée de se poser dans le désert du Balouchistan (entre l’Iran et l’Inde impériale). Elle ne fut retrouvée qu’après plusieurs jours de recherches.
Pendant la guerre, elle fut contrainte d’arrêter son métier d’aviatrice, après l’Armistice de 1940. Après avoir repris son métier de modiste, elle rentra rapidement dans la Résistance et devint capitaine dans les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI).
Dès qu’elle le pût, en 1944, elle repris son métier d’aviatrice et fut affectée à Villacoublay.
Malheureusement, le 30 Janvier 1946, son avion fut pris dans une tempête au dessus du Jura. Il se désintégra et il n’y eu aucun survivant. Elle avait 44 ans.
Elle restera, pour toujours, une légende de l'aviation !
A propos de l'auteur :
Né à Avrillé en 1958, Michel Leclerc a usé ses fonds de culottes à l’aérodrome d’Angers, où il assiste aux Coupes d’Europe vélivoles, aux Rallyes des vins d’Anjou et aux premières Coupes d’Anjou de voltige aérienne. Formé au vol en planeur en 1976, ses études aux Arts & Métiers et le début de sa carrière professionnelle l’éloignent du pilotage. Il y revient une décennie plus tard, en passant sa licence de pilote privé à Lognes. Sa carrière dans l’exploitation pétrolière le mène à beaucoup voyager et voler, cette fois en tant que passager des gros porteurs et à bord des hélicoptères qui l’acheminent sur les plateformes offshore. Sa passion pour l’aviation et son histoire n’a pas faiblit avec les années et Michel écume toujours les meetings aériens, tout en volant à l’occasion sur avions légers.
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