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Photo du rédacteurJB Lauwick

Les bidules d'Espace Air Passion #3

"Les bidules d'Espace Air Passion" vous proposent d'en savoir plus sur les nombreux détails intrigants visibles sur les avions et planeurs du musée.


Qu’est-ce que c’est encore que ce bidule sur le dos du Broussard ?



Une réserve à munitions secrète ? Un garde-manger pour petit faim ?


Rien de tout cela ! Pour vous, nous nous sommes munis d’un escabeau et d’un tournevis cruciforme, et nous sommes passés à l’attaque du carénage qui cache cet objet mystérieux. Il s’agit "tout simplement" de l’antenne cadre du radiocompas.


Le moyen principal de navigation du Broussard est le cheminement : le navigateur a tracé sa navigation sur sa carte et la compare avec ce qu’il voit au sol pour se localiser. Il utilise les routes, les rivières, les forêts, les villes et les villages, etc. Mais quand il n’est pas en mesure de voir tout ça, la nuit, dans ou au-dessus des nuages, il faut un autre moyen. Le radiocompas est l’un de ceux-ci.


Cet instrument capte un signal radioélectrique émis par une balise au sol et en indique la direction de provenance. Un signal radioélectrique est un rayonnement électromagnétique (exactement comme la lumière) qui a, comme son nom l’indique, une composante magnétique et une composante électrique. On sait, (mais oui tout le monde le sait !), qu’un champ magnétique variable qui traverse une boucle de fil électrique perpendiculairement à son plan crée une tension électrique. Autrement dit, si le rayon traverse la boucle, cela crée du courant. Si le rayon reste parallèle à la boucle, rien ne se passe. Pour bien se rendre compte de ce que peut être une boucle de détection, on peut regarder celle qui est montée sur le Junkers Ju-52. De technologie plus ancienne, elle est plus représentative.



Celle du Broussard est plus compacte et contient plusieurs spires. Revenons à notre radiocompas. Un émetteur au sol rayonne une onde électromagnétique. Celle-ci rencontre notre boucle et si elle est bien orientée, on pourra mesurer une tension électrique. Un dispositif électrique fera tourner la boucle jusqu’à avoir extinction complète du signal pour déterminer la provenance du rayon.





Le schéma de principe est représenté avec des écouteurs et l’écoute d’un son, parce que c’était bien la façon de travailler des navigateurs avant que le système ne devienne entièrement automatique. Et puis chut ! On ne le dira pas, mais ces deux schémas viennent d’un manuel de navigation maritime. Parce que les marins aussi ont utilisé le radiocompas.


D’ailleurs, lorsque ce moyen de navigation est devenu automatique, on l’a appelé ADF : Automatic Direction Finder. La position de l’antenne est renvoyée dans le cockpit sous la forme d’une petite aiguille sur une rose des vents.


On remarquera aussi que si l’antenne est bien orientée, puis tournée d’un demi-tour elle reste bien orientée pour la réception du signal ! Alors on ne sait pas si la balise émettrice est à gauche ou à droite, ou devant ou derrière. Pour lever le doute on utilise une antenne filaire qui va utiliser la partie électrique du signal radioélectrique. La tension qui en sort est additionnée à celle de la boucle et oriente parfaitement l’aiguille.


Dans le cas du Broussard, l’antenne filaire est normalement tendue sous le fuselage.

Pour l’utilisation, suivez la recette !


1 - Le navigateur repère une balise émettrice au sol à partir de sa carte. Par exemple AS à l’est de Espace Air Passion (qui n’existait pas à l’époque du Broussard !). On voit qu’elle émet sur la fréquence de 392 kHz.



2 - Avec le bouton A du panneau de commande on choisit la plage de fréquences qui inclut 392, puis avec la manivelle B on affiche exactement 392 kHz. Affiner le réglage se fait en écoutant le signal aux écouteurs avec l’interrupteur D sur CW. Cela superpose un son continu (Continuous Wave) à 900 Hz et aide à la précision, dixit le manuel ! Le réglage du volume d’écoute se fait avec le bouton E.


3 - Pour être sûr d’être bien syntonisé sur la bonne balise, il faut écouter le code Morse qu’elle envoie périodiquement. C’est son petit nom ! Dans notre exemple c’est AS, ou en morse :·− / ··· le navigateur doit entendre "ti ta ti ti ti"… simple, on vous dit !


4 - Avec le bouton D sur COMP comme compass (radiocompas), l’aiguille de l’indicateur se mettra automatiquement dans la direction de la station.


5 - Cela permet de tracer sur la carte une ligne qui part de la station et qui remonte la flèche de l’indicateur. On sait que l’on est quelque part sur cette ligne.


6 - On recommence toutes ces opérations avec deux autres stations émettrices repérées sur la carte et les trois lignes obtenues se coupent à l’emplacement de l’avion.



La position ANT du bouton C permet de ne connecter que l’antenne filaire pour recevoir des informations météorologiques ou autres qui seraient émises sur la fréquence de la balise.


Le mode automatique peut être mis en défaut par une forte averse de pluie ou les perturbations magnétiques d’un orage. Dans ce cas le navigateur doit passer en mode manuel en passant le bouton C sur LOOP et faire tourner l’antenne cadre à droite ou à gauche avec le bouton F jusqu’à ne plus rien entendre du tout quand l’antenne est perpendiculaire à la direction de la balise. Et voilà ! Il n’y a plus qu’à lire le QDM sur l’indicateur !


Le quoi ? Le QDM ? Encore un bidule d’Espace Air Passion !


Alors affaire à suivre !...


 

 A propos de l'auteur :


Jean-Baptiste Lauwick a grandi en Anjou où, en passionné d'aviation, il a intégré l'Aéroclub de l'Ouest à Angers-Avrillé (LFRA). Il en a profité pour mettre à l'épreuve ses premières expériences de pilote privé en rejoignant le GPPA en 1986, l'association à l'origine du musée Espace Air Passion. Il participera aux activités d'entretien des avions anciens, tout en apprenant à les piloter. Devenu pilote professionnel puis pilote de ligne, il vole successivement pour Europe Airpost, Transavia puis Air France.


(crédit photo : Aéroclub Renault)



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